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7 44

Texte : Élisabeth Chabuel

Conception : Natacha Dubois

Voix : Natacha Dubois, Chloé Schmutz et un chœur d’amateurs (pour une version avec projet de médiation)

Guitare électrique : Mathieu Tomasini

Technique : Léo Sellez ou Laurent Buisson

Production : : Le Grand Manitou

Théâtre poésie et musique

Tout public à partir de 9ans

Durée du spectacle :1h10

7 44 juillet à travers la forêt est une forme musicale et poétique. Une partition poétique écrite par Elisabeth Chabuel pour deux comédiennes Chloé Schmutz et Natacha Dubois et un guitariste Mathieu Tomasini.

L’histoire

Au mois de juillet, une enfant, ses parents et un groupe de voisins partent à pied de chez eux. Ils laissent tout. Ils vont se cacher dans les bois autour de leur village.

Ils fuient l’attaque de soldats débarqués en planeurs dans leur vallon. Les soldats répondaient à l’ordre de tuer tout ce qui était vivant – il fallait donc disparaître.

Durant un mois, la mère, le père, l’enfant, les parents les amis, se sont cachés dans les bois, avant de réussir à redescendre dans la vallée en contrebas.

7 44 tente – à la manière d’une mémoire fragmentée par le traumatisme de la guerre - une reconstitution poétique de ce mois de juillet vécu à hauteur d’enfant.

Projet poétique

C’est par l’histoire des habitants du plateau qui, pour survivre, se sont cachés dans les bois durant le mois de juillet 1944 que nous souhaitons ouvrir la porte de l’Histoire pour un échange entre les générations. C’est l’histoire des sans voix, c’est comme ça que les appellent les historiens. Ceux qui n’ont pas parlé ou parlé par bribes, flashes de souvenirs ou de sensations.

Haut lieu de la résistance durant la seconde guerre mondiale, le Vercors, porte encore les marques de l’histoire sur son territoire : ruines, monuments aux morts sur le bord des routes, nom des rues dans les villages. Et dans les forêts ?

Comment le temps qui passe – quatre-vingt années – redessine l’histoire et ses paysages ? Comment cette histoire coule-t-elle encore dans nos veines, à nourrir nos craintes et nos espoirs ? Qui sont aujourd’hui les témoins des évènements de juillet 1944 sur le Vercors ?

Les paysages se souviennent-ils ? Les vallées, les cols, les grottes, les sentiers ?

Que peut-on entendre ou voir dans les forêts qui ont alors abrité la population ?

Les arbres, les pierres se souviennent-ils des corps qui se cachent ou qui fuient ? Comment sont-ils encore porteurs de ce patrimoine ?

L’auteure

Élisabeth Chabuel est poète et auteure de théâtre. Elle publie entre autres 7 44, (K éditions, Rochechinard, 2008), Le Veilleur (Éditions Créaphis, Grâne, 2018). Elle travaille régulièrement pour la scène, traduction de livrets d’opéra, ou en tant qu’auteure associée à des compagnies. Elle écrit fréquemment en partenariat avec des artistes : vidéastes, musiciens ou plasticiens. De 2020 à 2022,, elle est auteure en résidence avec l’association Médiarts au village Olympique à Grenoble. Pour la Cie Infini Dehors, elle écrit Marchand de souvenir en 2016. Elle fait régulièrement des lectures publiques de ses textes dans des médiathèques, galeries d’art, librairies, ou autres lieux dédiés à la poésie et anime des ateliers d’écriture. En 2024, elle reçoit le prix de poésie Amélie Murat de la ville de Clermont-Ferrand.

L’écriture

Le texte est écrit comme un journal, chaque page/ un jour/ une date/ un texte qui enlève un peu la poussière sur le souvenir/ la nuit qui saupoudre quelques grains d’amnésie/ et la parole encore découvre du souvenir/… et le groupe, « La mère L’enfant Les parents les amis Le père » a avancé un peu, s’est enfoncé un peu plus loin dans la forêt.

Le spectacle est construit autour de trois textes de Élisabeth Chabuel : 7 44 (K éditions, 2008), Le Veilleur (Créaphis Editions, 2018), et Juillet à travers la forêt (Éditions Imprévues, 2024).

La musique

Sur scène un guitariste (guitare électrique) accompagne la voix et les espaces poétiques du spectacle. .L’univers musical emporte le spectateur dans une sorte de voyage initiatique à la manière du travail de Neil Young dans le film Dead Man de Jim Jarmuch.

Note d’intention

« 7 44 est un travail sur la mémoire, le passage de cette mémoire.

C’est l’histoire de ma grand-mère, qui avait 8 ans en 1944, quand elle a du quitter sa maison, son village pour fuir les combats et la mort.

C’est une histoire qui a 80 ans mais qui m’habite encore très fort, moi, petite fille de la fille qui a fuit, moi, née tout juste 40 ans après les évènements. C’est une histoire, qui fait ma sensibilité au monde qui sculpte encore mes peurs d’adultes et qui dessine la toile de fond de la plupart de mes mises en scène. Elle est un traumatisme intergénérationnel. Comme le sont toutes les guerres et toutes les histoires de déracinement.

Les souvenirs surgissent et disparaissent. Ma mère a écouté sa mère et elle a écrit. Les mots disent l’impossibilité de dire et puis tout à coup, la nécessité de dire. Les bribes de souvenirs reconstruits, permettent à celui qui les lit d’être de nouveau celui à qui l’on raconte.

Les mots de ma mère retransmettent. Ils me permettent de donner de nouveau une sonorité à ces souvenirs. Comment avons-nous survécu ? Et entendre l’écho comment survivrons-nous,, nous humanité ?

Une génération plus loin encore, les enfants qui nous accompagnent, nouveaux orateurs, arrière-petits-enfants de l’enfant qui racontait ses souvenirs, cherchent une fois encore comment se souvenir, et où puiser la mémoire et comment dire.

Nous nous sommes mis face à la montagne, face au Vercors, à ses roches et à ses forêts. Et nous sommes repartis de là, de l’odeur de l’humus, du bruit de la pluie sur les feuilles. De la forêt comme témoin de l’Histoire. »

Natacha Dubois


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