Revue de presse

ANTONIN ARTAUD VERSION ROCK

Le Dauphiné libéré
Publié le jeudi 26 mars 2009

THÉÂTRE “Pour en finir avec le jugement de dieu”

La jeune metteur en scène Natacha Dubois relève avec brio un sacré pari : porter sur scène un des auteurs les plus fascinant mais aussi les plus controversée de la littérature française, Antonin Artaud. Elle a choisi parmi ces œuvres une pièce en son temps censurée “Pour en finir avec le jugement de dieu”. Son travail est d’abord remarquable par sa dimension très novatrice, qui réussit à donner au texte une actualité singulière. En effet, c’est dans une version rock que nous sont proposés ces cinq monologues datant de 1937 : sur scène, un trio guitare, basse, batterie, loin d’être un simple accompagnement, souligne le caractère instinctif de la parole comme la véhémence du propos. Puisqu’il est question, bien sûr, de religion, mais aussi de l’ordre moral, du capitalisme, bref d’une remise en cause totale de notre rapport au monde. L’autre réussite de cette mise en scène, c’est sa dimension très incantatoire, qui fait de la représentation une sorte de messe noire où la parole d’Artaud résonne avec une acuité singulière, d’autant que l’interprétation sait traduire la violence du propos sans jamais sombrer dans la caricature. Ainsi malgré (ou peut-être grâce à) une appropriation personnelle et très moderne du texte, Natacha Dubois signe une création extrêmement fidèle à l’esprit de l’auteur, en s’adressant à notre sensibilité par le jaillissement d’une émotion brute, incisive, sans concession.
Annabel BROT

LES MOTS D’ARTAUD

Le petit bulletin
Publié dans le n°693 – Mer 28.01 > Mar 03.02.09

|THÊÂTRE| Antonin Artaud fascine. La parole de cet artiste hétéroclite et passionnant inspire. La compagnie Mais où l’as-tu ? a décidé de donner à entendre Pour en finir avec le jugement de Dieu, un texte vieux de soixante ans, enregistré pour la radio mais censuré juste avant sa diffusion (le public ne le découvrit qu’en 1973). Artaud hurle sa colère sur un monde qu’il ne saisit plus. Tout y passe, de l’ordre moral d’une certaine Amérique à « la recherche de la fécalité », en passant évidemment par la religion. Natacha Dubois, qui porte les mots d’Artaud sur scène, respecte la verve de l’auteur, sa façon si particulière d’éructer ses idées, l’émotion qu’il y met. Son corps vibre avec les mots, son jeu est démonstratif, habité, pour ne pas tomber dans la leçon de morale. Elle s’entoure de trois musiciens, qui offrent une clé de lecture assez intéressante. Jamais la musique n’étouffe les mots, bien au contraire. Elle soutient le texte, permet des respirations dans ce flot continu de paroles qui peut sembler incohérent mais qui, à bien des égards, est toujours très actuel. Cet « apéro sur le plateau » au Théâtre de Création marquera la fin d’une étape de travail d’un mois pour la compagnie. Le spectacle sera donné dans son ensemble fin mars au Théâtre Prémol. À suivre donc…
AM

POUR EN FINIR AVEC LE JUGEMENT DE DIEU

Le petit bulletin
Publié dans le n°701 – Mer 25.03 > Mar 01.03.09

Fin janvier, devant un Théâtre de Création blindé, Natacha Dubois portait avec conviction les mots d’Artaud, simplement accompagnée de trois musiciens. Une belle réussite qui se rejoue cette semaine au Théâtre Prémol, dans une nouvelle forme. Le principe du théâtre musical est certes conservé, mais cette fois-ci, Natacha a imaginé une mise en scène très noire pour illustrer Pour en finir avec le jugement de Dieu, un texte vieux de soixante ans où Artaud s’emporte contre notre monde de fous (sa tirade sur l’Amérique est à écouter avec attention !). Le rendu est saisissant et déroutant. L’harmonie entre la comédienne et les musiciens est totale, les quatre étant encore plus imbriqués que la dernière fois. On ressort du spectacle vidé et sonné, et c’est bien le but recherché semble-t-il.
A.M.